Olivier Père

La Vague de Dennis Gansel

ARTE propose mercredi 10 septembre à 20h50 La Vague (Die Welle, 2008) du jeune réalisateur allemand Dennis Gansel. A l’occasion de sa diffusion Barbara Fuchs éditrice web à ARTE France nous parle de ce film très remarqué des deux côtés du Rhin au moment de sa sortie.

« Tout comme le film L’Expérience, un thriller psychologique d’Oliver Hirschbiegel, La Vague s’inspire d’une initiative américaine. « The Third Wave » (« La Troisième Vague ») est réalisée en Californie en 1967 par Ron Jones, un professeur d’histoire. Une dizaine d’années plus tard, l’enseignant publie un récit inspiré de son initiative, qui est adapté à la télévision américaine. En 1981, Morton Rhue s’inspire du scénario de ce téléfilm pour en faire un roman. Trois années plus tard, le livre paraît en Allemagne, où il est aujourd’hui un classique de la littérature scolaire.

Ron Jones décide de tenter son expérience après avoir constaté que ses élèves ne sont pas intéressés par le national-socialisme. Ils prétendent en effet qu’un tel phénomène ne pourrait plus se produire à leur époque : « nous sommes suffisamment éduqués et informés, et que nous avons tiré des enseignements du passé ». Le prof d’histoire répartit alors des rôles au sein de la classe et édicte des règles strictes. Au départ, l’expérience ne devait durer qu’une journée mais Jones s’est senti si bien dans la peau du dictateur qu’il décide de prolonger l’initiative de quatre jours. Après avoir été choqué par ses propres réactions comme par l’enthousiasme des élèves, il décide d’y mettre brutalement un terme. Lors d’une conférence regroupant tous les élèves, il présente aux jeunes les similitudes entre « The Third Wave » et les jeunesses hitlériennes.

Dennis Gansel a transposé cette histoire dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Le nom de la ville où se déroule l’action n’est jamais cité, car les événements doivent pouvoir avoir lieu n’importe. On voit tout d’abord Rainer Wenger (Jürgen Vogel), un professeur d’histoire qui arbore un T-shirt des Ramones et chante à tue-tête « Rock’n’Roll High School » en se rendant au lycée où il enseigne. Il aurait de loin préféré parler de l’anarchie cette semaine-là car il a squatté une maison à Berlin-Kreuzberg. Mais un collègue plus âgé l’a devancé, et il doit à présent traiter l’autocratie.

 

Rainer Wenger est considéré comme un prof très « cool » et les élèves ne se font pas prier pour suivre ses cours. Comme ils trouvent que le thème de l’autocratie est ennuyeux, et qu’ils ont déjà planché régulièrement sur le national-socialisme, le professeur lance une initiative originale. Tout d’abord, il oblige les lycéens à changer de place au sein de la classe : désormais, un bon élève sera toujours assis à côté d’un mauvais pour favoriser l’entraide et la solidarité au sein de la classe. Alors que les jeunes le tutoyaient jusqu’ici, le professeur exige désormais qu’ils l’appellent toujours « Monsieur Wenger ». Chaque élève doit se lever avant de pouvoir prendre la parole et il doit s’exprimer brièvement et clairement. Wenger impose les principes suivants : « la force par la discipline », « la force par le groupe » et « la force par l’action ». Les élèves choisissent ensemble de baptiser le mouvement « La vague ».

Dès le deuxième jour, presque tous les élèves viennent en cours en uniforme, c’est-à-dire vêtus d’une chemise blanche. Ceux qui ne s’intègrent pas sont exclus. En plus de l’uniforme, le groupe se dote d’un logo puis d’un salut. « La vague » devient de plus en plus incontrôlable mais l’enseignant ne s’en rend pas compte immédiatement. Et il est trop tard quand il comprend qu’il est allé trop loin.

Tout au long du film, Dennis Gansel recourt aux plongées et contre-plongées pour exprimer les relations de pouvoir. Le réalisateur s’est également inspiré des captations télévisées des discours d’Hitler. Le montage et la musique rock dynamisent le film. La Vague captive ainsi le public et on passe outre certaines représentations stéréotypées (la militante, le marginal, la jolie fille, etc.) »

Barbara Fuchs

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