Olivier Père

La Vérité de Henri-Georges Clouzot

ARTE diffuse ce soir à 20h50 La Vérité (1960), suspense judiciaire autour du procès d’une jeune femme accusée du meurtre de son amant. Clouzot le terrible, fidèle à sa réputation, réalise un film d’une noirceur extrême et tyrannise la pauvre Brigitte Bardot, forcée d’abandonner ses pitreries pour jouer dans un registre paroxystique. Avec le temps, le film a gagné en étrangeté. La vulgarité du film et les poncifs qu’il véhicule sur la jeunesse sont datés, mais la mise en scène ne manque pas de force et Bardot est assez géniale. A travers le procès de cette jeune femme trop désirable, libre et amorale, coupable d’avoir trop aimé et provoqué l’amour, on peut voir celui de son actrice, star et symbole sexuel dont la vie privée passionnelle et scandaleuse faisait couler davantage d’encre que ses performances à l’écran, dans une France pudibonde et conservatrice. Il s’agirait alors d’une mise en abyme cruelle, et même sadique, typique des systèmes de domination des acteurs instaurés par Clouzot sur ses tournages, mais au résultat remarquable sur le plan dramatique.

Précipité de misanthropie, La Vérité brille par la qualité de son interprétation : Paul Meurisse et Charles Vanel sont impressionnants en ténors du barreau, Sami Frey est parfait en beau ténébreux mais c’est Brigitte Bardot qui suscite l’admiration et parvient à s’imposer à l’écran en véritable tragédienne, dans ce qui restera le sommet de sa filmographie, avec Le Mépris de Godard – bientôt diffusé sur ARTE – trois ans plus tard.

L’un des meilleurs titres de Clouzot, avec Quai des Orfèvres et Le Corbeau, et son dernier grand film, totalement maîtrisé.

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