Olivier Père

La Grande Casse de H.B. Halicki

Seven Sept propose en DVD et Blu-ray à la vente depuis le début du mois La Grande Casse (Gone in 60 Seconds, 1974) produit, écrit, réalisé et interprété par H.B. Halicki. Maindrian Pace (Halicki) travaille pour le compte d’une société chargée par les compagnies d’assurances de faire enquêtes et expertises sur les vols et accidents. Mais l’activité réellement lucrative de la société est le vol de voitures assurées pour ne pas laisser la victime dans la gêne. Maindrian Pace, voleur de voitures hyper organisé, reçoit commande d’un gang mexicain qui, pour 400 000 dollars, réclame 48 véhicules aux caractéristiques bien précises, et ce dans un délai de cinq jours.

La Grande Casse est un (tout) petit classique du film « grindhouse » de course poursuite automobile, souvent rangé dans la même catégorie que Larry le dingue, Mary la garce ou Point limite zéro réalisés quelques années plus tôt. La comparaison s’arrête là puisque contrairement aux titres précités La Grande Casse est avant tout remarquable par le caractère extrêmement rudimentaire de sa mise en scène, qui témoigne d’un mélange d’amateurisme et d’absence de moyens, et oblige le cinéaste a avoir recours à des procédés extrêmement archaïques pour raconter une histoire particulièrement minimaliste, comme l’utilisation intensive de dialogues en voix off sur des images documentaires ou des scènes « jouées » par des acteurs trop amateurs pour dire leur texte devant la caméra. On n’est pas très loin dans ces moments-là du style catastrophique d’Ed Wood, Doris Wishman ou Al Adamson, artisans célèbres de la série Z américaine. La seule véritable qualité que l’on puisse reconnaître à La Grande Casse est son hyperréalisme et sa manière inaccoutumée de régler poursuites et cascades automobiles puisque Halicki, as du volant, tourna son film sans le moindre trucage ni recours à des professionnels du cinéma, et sans avoir la possibilité de bloquer la circulation. Les passants sont des vrais passants, les flics les vrais flics, etc. Ce qui donne un côté pris sur le vif parfois étonnant. Ceci étant dit, à un critique qui avait écrit un jour au sujet de Bullitt si un film pouvait se réduire à une course de voitures, La Grande Casse apporte une réponse involontaire mais sans équivoque : non. Il est à réserver aux fans hardcore de cinéma d’exploitation américain et aux fétichistes des moteurs et de la tôle froissée.

Quentin Tarantino a rendu hommage à La Grande Casse dans Boulevard de la mort : un film grindhouse, en utilisant le même modèle 1971 amélioré de Ford Mustang Mach 1 « Eleanor » (surnom donné à la voiture), jaune avec une bande noire sur le capot qui est la véritable star de La Grande Casse.

H.B. Halicki et la star du film, Eleanor

H.B. Halicki et la star du film, Eleanor

La Grande Casse est l’œuvre atypique d’un seul homme, H.B. Halicki, cascadeur et auteur complet de cette production indépendante qui fit l’objet en 2000 d’un remake hollywoodien bien inutile et bien oublié avec Nicolas Cage et Angelina Jolie (60 Secondes chrono), également disponible dans cette édition française « collector. » Halicki réalisa deux autres films à base de poursuites et de cascades automobiles dans les années 80, dont un démarcage de La Grande Casse, demeurés inédits en France, avant de mourir à l’âge de 49 ans lors d’une cascade qui tourna mal, alors qu’il préparait une nouvelle suite de son unique et très relatif titre de gloire.

 

 

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