Olivier Père

Rengaine de Rachid Djaïdani

Mercredi 14 novembre est sorti sur les écrans français Rengaine, découvert à la Quinzaine des réalisateurs, distribué par Haut et Court et coproduit par Arte France Cinéma. Rengaine, qui bénéficie d’une belle cote d’amour depuis sa présentation cannoise est le premier long métrage de fiction de Rachid Djaïdani, boxeur, acteur (notamment au théâtre dans la troupe de Peter Brook), romancier, documentariste…

Rengaine

Rengaine

Conteur et poète aussi pourrait-on ajouter, devant ce film qui frappe avant tout par son énergie et sa façon poétique de capter la réalité d’une société et surtout d’une ville, Paris et sa banlieue. Film symptomatique du « cinéma guérilla », nouvelle tendance qui peut regrouper le meilleur comme le pire, Rengaine est une réussite dont on oublie rapidement les petites scories pour applaudir les audaces et les idées. C’est une fable, une chanson de geste sur l’histoire d’amour entre un jeune noir catholique, apprenti comédien aux expériences malheureuses et humiliantes et une jeune Arabe. Ils veulent se marier, et le frère aîné de la jeune fille s’oppose à cette union. Pendant les quarante jours du ramadan, il va alerter ses frères (elle en a quarante !) pour les avertir de ce mariage à ses yeux impossible, alors que lui-même est l’amant d’une femme juive.

Si le cinéma est un art de l’urgence, ontologiquement contemporain de ce qu’il montre, alors Rengaine est une aventure importante dans le paysage du cinéma français. Au-delà de son micro budget et de son tournage à l’arrache, le film tient debout et n’a rien d’indigent. Il propose un portrait métissée et saisissant de la France d’aujourd’hui et une galerie de personnages pittoresques, tour à tour drôle et émouvante, où le acteurs, pour la plupart non professionnels, apportent beaucoup de vécu et d’authenticité à une rengaine qui n’a pas peur de quitter les sentiers rebattus d’un genre (« le film de banlieue ») pour emprunter ceux du réalisme poétique (enfant de Carné et du Signe du lion de Rohmer) et même du surréalisme (on pense à Breton, Queneau et à une certaine tradition de la ballade urbaine et onirique).

Catégories : Actualités · Coproductions

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