Olivier Père

Hanzo the Razor – L’enfer des supplices de Yasuzo Masumura

Affiche japonaise de Hanzo the Razor - l'enfer des supplices

Affiche japonaise de Hanzo the Razor – l’enfer des supplices

Nous vous parlions il y a quelques jours de Masumura et de Tatouage, l’un de ses plus beaux films avec La Bête aveugle, Passion ou La Femme de Seisaku, titres qu’on évoquera sans doute dans ces colonnes plus tard. Toujours signé par notre cinéaste, nous vous présentons maintenant un fleuron du cinéma de genre japonais qui mêle le pinku eiga (film érotique) et le chambara (film de sabre) : Hanzo the Razor – L’enfer des supplices (Goyôkiba: Kamisori Hanzô jigoku zeme, 1973).

Hanzo the Razor - l'enfer des supplices

Hanzo the Razor – l’enfer des supplices

Distribué en France en octobre 1974 sous le titre stupide Kung Fu Hara-Kiri, sans doute pour profiter de la mode des films d’arts martiaux chinois, le film a été redécouvert avec une traduction moins fantaisiste grâce à une belle édition DVD récente et plus respectueuse (chez Wild Side). Il s’agit du le deuxième épisode (le meilleur et le plus excessif) d’une série consacrée aux enquêtes musclées du détective Hanzo Itami, surnommé le Rasoir, dans le Japon féodal. Comparable par sa violence graphique presque pop et sa production aux sagas des « Baby Cart » et des « Zatoichi » (intrigues, période historique et personnages récurrents similaires), ces films se teintent d’un érotisme sadique particulièrement corsé. Dans une scène inoubliable de L’enfer des supplices, Hanzo Itami expérimente de nouvelles méthodes d’interrogatoire sur une jeune femme et brise sa résistance davantage par le plaisir que par la force. Hanzo Itami est interprété par Shintaro Katsu (1932-1997), gigantesque star du cinéma populaire nippon (frère de Tomisaburo Wakayama, alias Ogami Ito dans les « Baby Cart ») qui fut le légendaire samouraï aveugle Zatoichi à l’occasion de vingt-six films. Réalisé par Yasuzo Masumura à qui l’on doit quelques titres nettement plus respectables comme La Chatte japonaise (1968), Double Suicide à Sonezaki (1978) et surtout un classique absolu du cinéma japonais, le vénéneux L’Ange rouge (1966) dans lequel une infirmière apôtre de l’euthanasie sauvage soulageait les désirs sexuels de soldats moribonds dans un hôpital de campagne, ce chambara excentrique peut se voir comme une parenthèse commerciale dans la filmographie d’un auteur très influencé par Godard, disciple marginal du nouveau cinéma nippon conduit par Oshima à la fin des année 60. C’est aussi la démonstration du talent extraordinaire de ce cinéaste capable de réussir une commande commerciale visuellement superbe et pas si éloignée de ses préoccupations personnelles. Si Hanzo the Razor – L’enfer des supplices est un film d’exploitation outrageusement violent et érotique, il est traversé par un message politique protestataire, dans l’air du temps au Japon et ailleurs, à l’instar de certains films policiers ou westerns italiens réalisés à la même époque, son détective incorruptible se levant contre les élites politiques et religieuses.

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