Olivier Père

John Rambo de Sylvester Stallone

John Rambo (2008)

John Rambo (2008)

On aime bien Stallone ou plutôt on l’aimait beaucoup dans les années 70 et 80 grâce aux premiers Rocky et Rambo, et surtout grâce à ce formidable come back après une longue traversée du désert où le temps de deux beaux films, Rocky Balboa (2006) et John Rambo (Rambo, 2008) qu’il a écrit, interprété et réalisé, il faisait ses adieux à deux personnages qui ont établi sa légende. Films anachroniques, émouvant pour l’un, délirant pour l’autre où Stallone semble se battre contre le temps et la vieillesse. John Rambo nous avait particulièrement fasciné lorsque nous l’avion découvert au cinéma au moment de sa sortie.

Retiré dans le nord de la Thaïlande, John Rambo élève des serpents lorsqu’il est dérangé par une mission humanitaire qui a besoin d’un guide pour venir en aide à des victimes de la guerre civile qui fait rage sur la frontière birmane. D’abord réticent, l’ancien soldat d’élite finit par accepter, renouant par la même occasion avec le combat, seul contre une armée entière. Sylvester Stallone, en réactivant les deux personnages emblématiques de sa carrière, qu’on croyait définitivement rangés au placard, a réussi un spectaculaire retour sur le devant de la scène cinématographique. Après un sixième Rocky élégiaque, cet imprévisible quatrième Rambo se révèle le meilleur de la série – avec le premier – et un film hallucinant dans le cinéma américain d’aujourd’hui. Stallone, 62 ans, réalise un film extrêmement violent, physique et archaïque, aux antipodes des tendances hollywoodiennes actuelles qui proposent des films de genre distanciés où les images sont propices à des mises en abyme ou des réflexions sur leur degré de réalité. Stallone sait que son héros est un pur anachronisme et il enfonce le clou en signant un film qui adopte totalement le point de vue de son héros, sans aucun recul. Il en résulte un spectacle barbare, autiste même, qui n’a pour seul horizon d’un déchaînement de violence nihiliste. C’est tellement sadique qu’on croit parfois voir une série B italienne ou philippine des années 80, Stallone a sans doute révisé ses classiques du cinéma bis avant de commencer le tournage. Le travail du temps sur le corps de Stallone le rend encore plus statuaire et monolithique que par le passé. La séquence finale du carnage à la mitrailleuse amène le film vers des rivages quasi abstraits où les corps de soldats mutilés et pulvérisés par les impacts de balles se transforment en geysers rouges sur fond d’herbe verte, entre l’action painting et un énième hommage à La Horde sauvage.

Il est vraiment dommage qu’après un tel film, jugé trop violent et trop fou pour rencontrer un réel succès commercial et critique, Stallone se soit réfugié dans la parodie bon marché et l’infantilisme avec deux films vraiment débiles qui ont hélas cassé la baraque, Expendables : unité spéciale (The Expendables, 2010) qu’il a lui même réalisé et sa suite encore plus embarrassante qu’il s’est contenté de coécrire et d’interpréter.

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