Olivier Père

Intégrale Francesco Rosi à la Cinémathèque française

Du 29 juin au 31 juillet, la Cinémathèque française rendra hommage au réalisateur italien, en sa présence.
L’année dernière, le Festival del film Locarno avait décerné un Léopard d’Or à Francesco Rosi pour l’ensemble de sa carrière. Nous avions organisé une rencontre avec le public modérée par Sergio Toffetti et projeté Les Hommes contre, un de ses meilleurs films (avec son acteur fétiche Gian Maria Volonté) sur la Piazza Grande.


Réalisateur et scénariste né en 1922 à Naples, Francesco Rosi débute comme assistant auprès de Luchino Visconti, sur La terre tremble, Bellissima (dont il collabore également au scénario) et Senso. En 1956, il codirige Kean avec Vittorio Gassman. En 1958, il signe son premier film Le Défi, qui remporte le prix du jury à Venise. Rosi établit à partir de son chef-d’œuvre Salvatore Giuliano (1962) les bases du « film dossier », à savoir la superposition d’images d’archives à la fiction ayant pour but de renseigner le plus objectivement possible sur un sujet lié à l’histoire contemporaine de l’Italie. Ses films traitent ainsi souvent de la mafia comme Cadavres exquis (1976) et L’Affaire Mattei (1972), pour lequel il obtint la Palme d’or à Cannes. Francesco Rosi est l’auteur de dix-huit longs métrages parmi lesquels les excellents I magliari (1959), Mains basses sur la ville (1963), Les Hommes contre (1970) ou Lucky Luciano (1973). En 2008, il reçoit l’Ours d’or d’honneur pour sa carrière au Festival de Berlin.
Le film de Francesco Rosi que je préfère est certainement Cadavres exquis (photo en tête de texte), dont la bande-annonce vue au cinéma m’avait terrifiée quand j’étais enfant. Un policier, Rogas, enquête sur la série d’assassinats de puissants juges. Ses investigations le conduisent sur la trace d’un homme  autrefois condamné par les magistrats. Rogas découvre bientôt que certains personnages influents ne veulent pas entendre parler d’une vengeance personnelle et entendent donner à l’affaire une explication politique, souhaitant profiter de ce climat de violence pour instaurer un état de répression. Alors que les « films dossiers » qui firent la réputation de Francesco Rosi s’intéressaient à l’histoire récente de l’Italie et à ses figures les plus controversées (Salvatore Giuliano, Enrico Mattei, Lucky Luciano), Cadavres exquis, adapté du roman Le Contexte de Leonardo Sciascia, se présente comme un polar métaphysique, supérieur à toutes les « fictions de gauche » produites en France et en Italie à l’époque. Censé de dérouler dans un pays imaginaire, le film fait évidemment allusion au terrorisme et aux complots d’extrême droite de l’Italie des années 70. Cadavres exquis est remarquable pour son climat paranoïaque aux lisières du fantastique et sa galerie de monstres inquiétants interprétés par quelques grands acteurs internationaux (Fernando Rey, Alain Cuny, Max von Sidow). Lino Ventura, dans le rôle de Rogas, fonctionnaire intègre qui perd peu à peu ses certitudes en levant le voile sur la pourriture des institutions et de la justice, y est encore meilleur que d’habitude.

 

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