Olivier Père

L’Avocat de Cédric Anger

L’Avocat, présenté en première mondiale sur la Piazza Grande lors du 63ème Festival del film Locarno en août 2010, sort en DVD et Blu-ray le 14 juin en France, chez M6 vidéo.
Cédric Anger, pour son deuxième long métrage après le remarqué Le Tueur, reste fidèle au polar. Cependant, L’Avocat traduit une volonté plus évidente chez le jeune cinéaste de s’inscrire dans un genre populaire tout en proposant un traitement original. L’Avocat s’inspire des aventures réelles d’un jeune avocat aux prises avec le vertige de l’illégalité et des mauvaises fréquentations. Leo (Benoît Magimel) est contacté par un mafioso du sud de la France qui lui demande de s’occuper de ses affaires, plutôt louches. Quand on est brillant, jeune et plein d’ambition, côtoyer les gangsters et se rendre indispensable pour un parrain de la région est beaucoup plus excitant que la tranquille existence de notable et de père de famille. L’avocat du film rêve de devenir un personnage de fiction, c’est-à-dire un ami des gangsters, qui le fascinent malgré lui par leur goût du risque et leur trait de vie. Comme les classiques du film noir signés Lang ou Preminger (Anger est cinéphile, il fut critique au « Cahiers du cinéma » avant de passer à l’écriture – notamment pour Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois, puis à la mise en scène), L’Avocat traite de la fine frontière qui sépare le bien du mal, des liaisons dangereuses et du combat intérieur d’un homme confronté à des adversaires maléfiques et à ses propres démons. Car Léo est aussi un personnage moral. Sans morale, pas de tentation, pas de trahison ni de rédemption. Passé une période d’euphorie, il va comprendre qu’il a mis la main dans un engrenage fatal, et décider de collaborer avec la police. Benoît Magimel, un des meilleurs acteurs français de sa génération, formidable dans les rôles de composition, dans les films de Chabrol notamment (La Fille coupée en deux, La Fleur du mal, La Demoiselle d’honneur), est parfait en avocat sur le fil du rasoir. Dans le rôle de Paul Vanoni, le parrain local, Gilbert Melki, déjà héros du Tueur, est remarquable comme toujours. Entre références hollywoodiennes et polar à la française, L’Avocat est une belle réussite.

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