Olivier Père

Jafar Panahi et Mohammad Rasoulof condamnés

La nouvelle est tombée hier soir, scandaleuse et inquiétante.

Le cinéaste Jafar Panahi (photo en tête d’article) a été condamné a six ans de prison. Le pouvoir iranien lui reproche d’avoir mené une campagne hostile contre le régime iranien et conspiré contre son pays. « Il est frappé d’une interdiction de réaliser des films, d’écrire des scénarios, de voyager à l’étranger ou de donner des interviews à des médias locaux ou étrangers durant les vingt prochaines années », a poursuivi l’avocate de Jafar Panahi.
Le cinéaste Mohammad Rasoulof, qui travaillait avec Jafar Panahi, a été condamné à la même peine, pour les mêmes griefs, par le tribunal de la République islamique à Téhéran.
Depuis plusieurs mois, l’opinion publique internationale s’était émue de l’interdiction de sortie de territoire dont était frappé le cinéaste, de ses séjours et prison où il avait entamé une grève de la faim et de son procès. Invité par le Festival de Cannes en mai dernier pour être membre du jury, sa chaise était restée vide. La même chose risque de se reproduire en février prochain au Festival de Berlin si Jafar Panahi doit purger sa peine.

Voici un extrait de l’appel lancé hier par le Festival de Cannes, la SACD et la Cinémathèque française pour s’opposer à l’emprisonnement de Jafar Panahi.

« Jafar Panahi est innocent (…) son seul crime est de vouloir continuer d’exercer librement son métier de cinéaste en Iran. Depuis plusieurs mois, le pouvoir iranien a mis en place contre lui une véritable machine de guerre visant à le détruire, à l’enfermer en le contraignant à se taire.
Jafar Panahi est cinéaste et ses films ont été montrés dans le monde entier. Invité par les plus grands festivals de cinéma (Cannes, Venise, Berlin), il est aujourd’hui empêché de poursuivre son œuvre de cinéaste. La lourde condamnation qui le frappe le prive de liberté, l’empêche physiquement et moralement d’exercer son travail de cinéaste. Il doit désormais se taire, s’interdire tout contact avec ses collègues cinéastes en Iran et dans le monde entier.
À travers cette condamnation qui frappe Jafar Panahi, c’est tout le cinéma iranien qui est manifestement visé.
Cette condamnation nous révolte et nous scandalise. Aussi, appelons-nous cinéastes, acteurs et actrices, scénaristes et producteurs, tous les professionnels du cinéma ainsi que tous les hommes et femmes épris de liberté et pour qui les droits de l’homme sont une chose fondamentale, à se joindre à nous pour exiger la levée de cette condamnation. »

Nous répondons à cet appel, en espérant qu’une mobilisation massive et des interventions efficaces permettent à Jafar Panahi (sans oublier Mohammad Rasoulof) de recouvrer la liberté, dans les plus brefs délais.

Jafar Panahi, né en 1960, avait obtenu le Léopard d’or pour son deuxième film Le Miroir (Ayneh) en 1997. La même année, il présentait  au Festival del film Locarno un moyen métrage documentaire, Ardekoul.

Dans ses films, Jafar Panahi a eu le courage de s’attaquer à des sujets de société comme la révolte de la jeunesse, la discrimination sexuelle ou la prostitution. Son œuvre a été primée dans les plus grands festivals. Outre le Léopard d’or, Jafar Panahi a remporté la Caméra d’or à Cannes pour son premier long métrage de fiction, Le Ballon blanc (Bādkonake Sefid) présenté à la Quinzaine des Réalisateurs en 1995. Il a ensuite obtenu le Lion d’or à Venise pour Le Cercle (Dayereh) en 2000, le prix du jury Un certain regard pour Sang et Or (Talāye sorkh) en 2003, et L’Ours d’argent au Festival de Berlin en 2006 pour Hors Jeu (Offside.)

Mohammad Rasoulof est un jeune cinéaste talentueux dont j’avais montré le second film, La Vie sur l’eau (Jazireh ahani) en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs en 2005, lorsque j’étais délégué général de la section indépendante cannoise.

www.ipetitions.com/petition/solidarite-jafar-panahi/

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