Olivier Père

Prières de Pedro González-Rubio

Dans le cadre de La Lucarne ARTE diffuse la nuit du lundi 20 au mardi 21 avril à 0h15 Prières (Inori), Léopard d’Or de la sélection « Cinéastes du présent » au Festival del film Locarno en 2012. Il serait facile de ranger ce long métrage poétique dans la catégorie méprisante des « films de festivals », vu qu’il a été découvert dans un festival, programmé dans de nombreux autres et même produit par un festival, et qu’il est désormais diffusé sur ARTE sans être passé par la distribution en salles. Cela n’empêche pas le Mexicain Pedro González-Rubio, du haut de ses 39 ans et d’une poignée de films en forme d’essais poétiques, d’être l’un des cinéastes les plus enthousiasmants de sa génération, documentaire et fiction, confondus, et de s’imposer calmement comme le digne héritier de Robert Flaherty.

Prières

Prières

Après le magnifique Alamar (2009) – un joyau tourné dans un site naturel paradisiaque au Mexique, à rattraper toutes affaires cessantes en DVD – Pedro González-Rubio revient avec un second long métrage à la démarche esthétique similaire mais très surprenant puisque entièrement tourné au Japon (et produit par Naomi Kawase par l’intermédiaire du Festival International de Nara, sa ville natale), dans un petit village de montagne, à Kannogawa où la vie s’écoule paisiblement en harmonie avec la nature. Trop paisiblement sans doute au goût des – rares – habitants de la région puisque ce qui était auparavant une ville animée est aujourd’hui un lieu fantôme victime de la désertification des campagnes. Le monde rural est désormais un mouroir où des personnes âgées sont les dernières à entretenir le lien entre les hommes et la nature, les activités quotidiennes et le cycle des saisons, entre travail et méditation, mémoire vivante d’un monde en train de disparaître avec elles.

Comme la barrière de corail d’Alamar, la campagne japonaise est un paradis perdu où vit en sursis une communauté humaine respectueuse de l’écologie. La différence tient dans une relation plus shintoïste que panthéiste, culture et tradition japonaises obligent (« Inori » veut dire « prière ») et l’âge des protagonistes, qui semblent rivaliser de longévité avec les arbres de la forêt et les pierres des torrents. La mise en scène documentaire de Pedro González-Rubio (la dimension fictionnelle est moins prégnante que dans Alamar) est invariablement belle, à l’image des sites et des visages filmés avec une tentation contemplative qui épouse le rythme de la vie à Kannogawa.

 

Dans la prochaine Lucarne du 27 avril à 0h20, vous pourrez découvrir le nouveau film inédit de Pedro González-Rubio, Icaros (2014), coproduit par ARTE France – La Lucarne, l’histoire d’un homme vivant en ermite dans la forêt du Costa Rica.

 

 

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