Roy Orbison - Black and White Night

Un retour en grâce, forcément. Lorsqu'en septembre 1987 Roy Orbison remonte sur scène après quelques années à l’écart des feux de la rampe, le moment s’annonce unique, émotionnellement dense. Le chanteur a été remis sur le devant de la scène quelques mois auparavant par le film" Blue Velvet" de David Lynch, avec son titre "In Dreams" en bonne place dans la bande originale, et son intronisation au Rock and Roll Hall of Fame. Sous les projecteurs du Cocoanut Grove de Los Angeles, Roy Orbison apparaît fidèle à sa légende : une aura d’autant plus envoûtante que sa présence est minimale, presque timide. Impassible et émouvant, il apparaît avec grandes lunettes noires – derrière lesquelles il cache autant une mauvaise vue que les larmes ayant lavé les tragédies de sa vie personnelle. Mais on retiendra surtout, et surtout cette voix à trois octaves à la fois suave et profonde, capable de tous les envols sans qu’il n’ait besoin de la pousser... De "Only the Lonely" à "Crying" en passant par "The Comedians", "Ooby Dooby" ou un "Pretty Woman" épique de neuf minutes, l’artiste enchaîne ses plus grands tubes avec une classe intacte. Son "backing band "se compose d’invités prestigieux, dont, excusez du peu, Bruce Springsteen, Tom Waits, Elvis Costello, Jackson Browne, K.D. Lang, T-Bone Burnett ou Bonnie Raitt. Une pépinière de supertalents qui, entre dévotion et excitation manifeste, achève de donner à cette soirée unique, enregistrée dans un noir et blanc satiné, son identité de "rock’n’roll night" haut de gamme.