Ce qui bloque
Au niveau local comme international, l'initiative des dirigeants serbe et kosovar ne fait pas l’unanimité. Au Kosovo, Hashim Thaçi n’est pas parvenu à emporter l’adhésion de l'opposition ni même des responsables de la coalition au pouvoir. Ramush Haradinaj, premier ministre du Kosovo estime que tout échange de territoires “conduirait à la guerre”. Le Parlement kosovar envisage même de recourir à une motion de défiance à l’encontre du chef de l’Etat.
En Serbie, c'est le clergé orthodoxe qui fait barrage. Se séparer du territoire kosovar reviendrait, pour l’Eglise ultranationaliste, à se défaire de la « Jérusalem des Serbes ». Le Kosovo est, en effet, considéré par les Serbes comme berceau de leur nation et de leur religion. Il abrite par ailleurs de nombreux monastères - symbolisés par des croix sur la carte - hauts lieux de l’Eglise orthodoxe serbe, implantés dans des zones qui demeureront sous le giron kosovar.
Certaines diplomaties européennes sont tout aussi réservées quant au bien-fondé d’une telle partition. Beaucoup redoutent de voir l’ex-Yougoslavie s’embraser à nouveau. Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas (SPD) juge ces négociations entre Serbes et Kosovars « peu opportunes », craignant que cela ne « ravive de vieilles blessures ».
Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, estime, pour sa part, qu'un redécoupage territorial pourrait avoir « des effets très négatifs sur d'autres pays de cette région ». Son homologue autrichienne Karin Kneissl (FPÖ), redoute également de voir s'ouvrir « la boîte de Pandore » des revendications : celles des Serbes de Bosnie, des Albanais de Macédoine ou des Hongrois de Voïvodine, en Serbie.
Côté occidental, d’autres voix plus positives se sont tout de même fait entendre. Le conseiller à la sécurité nationale américain, John Bolton, a assuré que Washington ne s’opposerait pas à ce que des « ajustements territoriaux » soient menés et le commissaire européen à l'élargissement, Johannes Hahn, s’est dit « encouragé par les discussions constructives » en cours. Le projet de révision des frontières est également soutenu par Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, qui supervisera les négociations à venir.