Al-Hodeïda, port d’entrée de l’aide humanitaire
Près de 70% de l’aide humanitaire au Yémen transite par la zone portuaire de la ville. A l’heure actuelle, 90% des ressources en nourriture, essence et médicaments du Yémen dépendent des importations.
Les assauts des forces régulières yéménites contre les insurgés houthis risquent ainsi de provoquer une fermeture durable des docks, une situation que craignent les Nations unies.
Une situation humanitaire de plus en plus préoccupante
Un nouveau rapport publié le 19 septembre par Save The Children tire la sonnette d'alarme. Selon l'ONG, 5.2 millions d'enfants sont désormais menacés de famine au Yémen. "Dans un hôpital que j'ai visité dans le nord du Yémen, les bébés étaient trop faibles pour pleurer, leur corps épuisé par la faim", explique Helle Thorning-Schmidt, directrice générale de Save The Children.
Depuis 2015, le prix des denrées alimentaires a augmenté de 68%. En même pas un an, le coût d'un panier de produits de base a grimpé de 35%, selon le bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Vingt-deux des 28 millions d'habitants du Yémen sont ainsi dépendants d’une assistance extérieure, toujours selon l’ONU. L'organisation internationale estime que l'intervention de la coalition menée par l'Arabie Saoudite en mars 2015 a provoqué "la pire crise humanitaire au monde".
Reste que le combats ne baissent pas en intensité. Début septembre, de nouvelles frappes aériennes de la coalition internationale à al-Hodeïda ont fait 38 morts et 26 blessés parmi les rebelles houthis.
A noter également que la ville vient d’enregistrer la troisième vague de choléra du pays depuis 2015. Des équipes de Care ont à nouveau été déployées dans la région pour faire face à l’épidémie. "C’est très inquiétant concernant al-Hodeïda, où les accès routiers sont bloqués. Si l’infrastructure sanitaire et les systèmes d’approvisionnement en eau sont détruits, cela pourrait avoir des conséquences désastreuses, car l’épidémie de choléra se propage très vite", s'alarmait Jolien Veldwijk.
Le temps presse
Après les échecs des dernières négociations de 2016 et des pourparlers du 6 septembre, le sort des yéménites s'assombrit considérablement. L'International Crisis Group estimait que la rencontre de Genève représentait la dernière occasion d'empêcher une catastrophe plus grande encore et de trouver une solution politique au conflit. Depuis, aucun nouveau volet de négociations ne semble envisageable : "Il est trop tôt pour dire quand se tiendront les prochaines consultations", a déploré Martin Griffiths.
Un accord sur al-Hodeïda ne pourra pas être atteint tant que l'alliance saoudienne ne s'empare pas du port. Et le temps presse : le 20 juin, l’aéroport de la ville a été repris par les loyalistes. En attendant, "le temps commence à manquer" pour empêcher "une famine dévastatrice", a alerté dans un communiqué, le Programme Alimentaire Mondial, mercredi 19 septembre.
Théo Arbogast, ARTE Info