Clara Surges/Théo Arbogast
"Le procès sera le plus important que nous ayons connu en démocratie", a affirmé Carlos Lesmes, président de la Cour suprême espagnole. Les audiences devraient s’étaler sur trois mois et neuf accusés sur douze sont toujours en détention provisoire.
Qui sont les mis en cause ?
Les accusés sont l'ancien vice-président catalan Oriol Junqueras, ainsi que huit autres membres de son gouvernement, deux dirigeants de puissantes associations indépendantistes et l’ex-cheffe du parlement catalan Carme Forcadell. Le grand absent du procès est l'ancien président catalan Carles Puiguemont, toujours réfugié en Belgique pour échapper aux poursuites judiciaires.
Quels sont les chefs d’accusation ?
Les douze indépendantistes sont poursuivis pour rébellion et détournements de fonds. Les peines que les accusés risquent vont de sept à vingt-cinq ans de prison.
Tous sont ainsi soupçonnés d’avoir joué un rôle clef dans l’organisation du référendum d’autodétermination du 1er octobre 2017, suivi le 27 octobre par une déclaration unilatérale d’indépendance.
"L’une des questions centrales du procès sera de savoir si ce qui est arrivé peut être considéré comme de la violence", a estimé Carlos Lesmes, qui jugera l’affaire. Le "soulèvement violent" est en effet la condition indispensable à la qualification de "rébellion", le délit le plus grave reproché aux douze accusés.
Deux visions du procès s'affrontent
Pour les indépendantistes, la seule violence alors exercée a été celle des policiers envoyés par Madrid en Catalogne, pour empêcher la tenue du référendum. De façon plus générale, Quim Torra, le président indépendantiste catalan, dénonce "une stratégie d’avant-procès [de Madrid] pour liquider l’expression et la volonté démocratique des Catalans". L'ancien élu d'extrême gauche indépendantiste David Fernandez parle, lui, "d’un procès contre le peuple catalan tout entier".
Carlos Lesmes s’en défend, en affirmant qu’il règne "une énorme pluralité idéologique" parmi les sept magistrats qui jugeront l’affaire. Le président de la Cour suprême dénonce "une grande campagne pour discréditer l’institution judiciaire espagnole", de la part des actuels tenants du pouvoir catalan.
D'importantes conséquences politiques à l’échelle du pays
Le procès pourrait ainsi avoir des répercussions sur la scène politique espagnole. Le chef du gouvernement central Pedro Sánchez pourrait se voir refuser l’appui des indépendantistes lors du vote de son projet de loi de budget 2019.
De manière plus indirecte, des associations et partis indépendantistes catalans ont prévu de se mobiliser dans les rues de plusieurs villes catalanes dès le premier jour du procès. Le 16 février, une grande manifestation est prévue à Barcelone avec pour mot d'ordre "L'autodétermination n'est pas un délit". Une grève générale est également prévue en Catalogne le 21 février et une manifestation à Madrid le 16 mars.